Dans le Stropersbos, nous pouvons voir plusieurs vestiges concrets de la Bedmarlinie. Entre 1702 et 1713, un nouveau conflit européen éclata après que le roi espagnol, sans descendance, ait désigné le petit-fils de son homologue français Louis XIV comme héritier. À la veille de cette Guerre de Succession d'Espagne, le marquis de Bedmar se hâta de renforcer la frontière. Il rétablit les anciennes fortifications et fit construire de nouveaux forts à des endroits stratégiques. Les forts furent reliés les uns aux autres par le biais de chenaux et de digues de défense. La Bedmarlinie s'étendait de Nieuwpoort à Hoei mais le nord du Waasland fut l'objet d'une attention particulière compte tenu du danger que représentaient les attaques ennemies provenant d'Hulst.
À partir de Stekene, la ligne se dirigeait vers le nord, le long du canal du même nom. À hauteur du Paal à Kemzeke, la ligne bifurquait vers l'est. C'est à cet endroit stratégique que les ingénieurs érigèrent le fort Sint-Jan, sur les ruines d'un petit fort datant de la Guerre de Quatre-Vingts ans. Ce grand fort carré est relativement bien conservé sur l'entrée ouest du Stropersbos, mais est aujourd'hui traversé par la route très fréquentée qui relie Hulst à Sint-Niklaas. Depuis le fort Sint-Jan, la Bedmarlinie traversait le Stropersbos. La ceinture de défense se composait ici d'un fossé large inondé et d'un rempart en terre de plusieurs mètres de haut, pourvu à distance régulière de promontoires triangulaires (redans). Le fossé de la ligne est resté bien conservé à divers endroits dans la forêt. Il y a quelques années, une petite partie du rempart de la ligne a été reconstruite dans le cadre du projet d'aménagement du Stropersbos.